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History is not mine, 09 / 28 / 2015
 
  • Walking on the light, started in 2012, pigment print on baryta, 26 x 40 cm.

''Everyone was waiting for the slightest provocation on my part to make a headline.?Journalists do not have the time, they want to understand quickly and they need a headline.''


mounir fatmi, September 2015
 

L'histoire n'est pas à moi, 2015
History is not mine, 2015  

Se retrouver dans un état d’extrême secousse, éclaircie d’irréalité, avec dans un coin de soi-même des morceaux du monde réel.
Antonin Artaud.

La petite histoire.

France : l’artiste marocain Mounir Fatmi cesse la présentation d’une œuvre jugée blasphématoire.
Un festival de création contemporaine et l’artiste marocain Mounir Fatmi ont annoncé mercredi l’arrêt de la présentation d’une de ses œuvres à cause de protestations de musulmans blessés de voir des passants marcher sur des versets du Coran projetés au sol.
Au centre de la controverse : la projection sur un pont de Toulouse (Sud-Ouest), dans le cadre du festival « Printemps de Septembre », d’une vidéo montrant des cercles inspirés des rotoreliefs de Marcel Duchamp et tournoyant avec à l’intérieur des versets calligraphiés du Coran et des hadiths du prophète de l’islam Mahomet. Mardi soir, l’installation s’est mise en marche alors qu’elle ne devait fonctionner que deux week-ends. Le dispositif prévu pour empêcher de marcher sur l’œuvre n’était en conséquence pas en place. Des dizaines de personnes (60 à 80 selon la police) se sont rassemblées spontanément pour empêcher les piétons, nombreux sur le pont, de fouler les projections de lumière. Selon la police, une jeune femme aurait été giflée pour avoir malencontreusement mis le pied sur les versets. Selon une manifestante au contraire, elle a été frappée parce qu’elle a, par provocation, défié les participants au rassemblement en marchant sur les halos de lumière. L’arrivée d’un imam et ses appels au calme ont permis une dispersion sans heurts.
Mounir Fatmi, Marocain « d’origine musulmane » selon ses mots, s’est défendu de toute volonté de provocation et croit à un malentendu. Comme « les conditions d’exposition de ma pièce ne sont pas réunies et qu’elles nuisent à sa lisibilité, et surtout à sa compréhension, je préfère la suspendre », a-t-il dit.

Dépêche de l’AFP le 3 octobre 2012

L’histoire est à moi.

Automne 2012. C’est le 22 mars que Mohammed Merah est mort à Toulouse, suite à l’assaut des forces de l’ordre après trente-deux heures de négociation. Terroriste islamiste franco-algérien, il a assassiné sept personnes, dont trois enfants juifs, et fait six blessés. Ensuite, entre fin septembre et début octobre, le scandale mondial de l’inepte vidéo sur YouTube L’innocence des musulmans, met le feu au monde entier, sans laisser indemne la communauté musulmane de la région. Pire : tandis qu’est annoncée la sortie de Joseph Anton, autobiographie des années clandestines de Salman Rushdie suite à la fatwa lancée contre lui en 1989, c’est Charlie Hebdo qui publie à nouveau des caricatures du prophète. Dès lors, tout le monde voit Technologia comme une nouvelle provocation à l’encontre de l’islam et des musulmans. C’est dans ce climat que j’ai été accusé de mettre de l’huile sur le feu pour profiter de la situation et m’offrir une campagne de promotion à bon compte ! Ce qui est faux car comment aurais-je pu anticiper un chaos pareil, alors que je préparais mon oeuvre pour la manifestation le Printemps de Septembre depuis une dizaine de mois?

Cette année-là, «Le printemps de Septembre» avait comme titre L’histoire est à moi. J’y ai cru pendant un moment jusqu’à ce coup de fil que j’ai reçu le 3 octobre alors que je me trouvais à Charleroi en Belgique m’annonçant la manifestation qui a eu lieu la veille à Toulouse contre mon installation et la suspension. La jour même, le magazine L’Express publie sur son site internet un article: un artiste cesse à Toulouse la représentation d’une Libération, titre Pas de deux coranique à Toulouse. Les coups de fil et les messages des journalistes ont saturé mon répondeur téléphonique en quelques heures seulement. Je ne maitrisais plus rien. Les choses allaient très vite. De plus en plus de titres apparaissaient dans la presse écrite, radio, télévision et bien sûr Internet. L’affaire Technologia était née.

J’étais obligé de répondre, d’expliquer, de défendre mes idées auprès des journalistes. Sinon, les articles allaient sortir avec cette mention terrible : on a contacté l’artiste qui a refusé de répondre. J’ai répété et répété la même chose. J’ai dû rester concentré, ne pas partir dans tout les sens. Parler des années de recherches en quelques minutes, synthétiser, synthétiser au maximum.

Tout le monde attendait la moindre provocation de ma part pour en faire un gros titre. Les journalistes n’ont pas le temps, ils veulent comprendre vite et il leur faut un titre.

Ah ! Les titres des journaux ! De vrais poèmes, j’en citerai quelques-uns volontairement :

Mounir Fatmi ou l’art d’être censuré. Les calligraphies coraniques qui font polémiques ont été retirées. Mounir Fatmi suspend son oeuvre Technologia. Une oeuvre jugée blasphématoire par des musulmans retirés a Toulouse. L’auteur des calligraphies retire son oeuvre. Retrait d’une oeuvre perçue comme blasphématoire à Toulouse. Mounir Fatmi, a controversial artist ? Mounir Fatmi : l’art n’est pas un long fleuve tranquille Une oeuvre polémique pour la communauté musulmane retirée du Printemps de Septembre. À Toulouse, les versets de la discorde. Déprogrammation au Printemps de Septembre : « Un fond d’air putride » ? Misunderstanding over Islamic art Sparks near-riot. Mounir Fatmi s’autocensure. Toulouse : Une oeuvre d’art enlevée après des plaintes de musulmans France : un artiste cesse la présentation d’une oeuvre jugée blasphématoire Un artiste marocain en France annule son oeuvre jugée offensant l’Islam France : L’oeuvre d’un Marocain retirée d’une exposition, car jugée blasphématoire À Toulouse, une oeuvre d’art retirée sous la pression de manifestants musulmans Technologia", oeuvre d’art jugée blasphématoire La ville de Toulouse retire une oeuvre jugée blasphématoire par certains musulmans Une vidéo de mounir fatmi retirée du festival contemporain de Toulouse Provocation islamophobe, le retour L'art de ne pas faire de vagues

Marcher sur la lumière

Automne 2012. Ce qui s’est passé à Toulouse a surpris tout le monde. La première version de Technologia, projetée en 2011 sur un mur, a été montrée à l’inauguration du Musée d’Art Moderne et Contemporain Mathaf au Qatar, à quelques kilomètres de l’Arabie saoudite, et il n’y a pas eu de problème. Dans cette oeuvre, l’élément central est le cercle, parce que le cercle est le début de la machine qui se trouve être l’un des éléments essentiels de mon travail avec le langage et l’architecture. Technologia, comme son nom l’indique, mixe différents médias et techniques. On y voit les Rotoreliefs de Duchamp, au sein desquels j’ai intégré des calligraphies circulaires des versets du Coran représentant le cosmos, des hadiths du prophète sur la beauté, et d’autres motifs circulaires issus des mathématiques ou de l’astronomie. À Toulouse, mon projet prenait place sur un pont, fort symbole architectural de la notion du passage et de la transmission, avec les seize projections au sol. A l'entrée du pont, j’ai demandé à ce que soit écrit sur le sol le message : « Ne marchez pas sur l’oeuvre ». C’est l’invitation classique faite au visiteur de ne pas « toucher » la pièce, de garder ses distances, de maintenir le recul nécessaire pour voir et comprendre l’oeuvre. C’était aussi un clin d’oeil humoristique sur l’impossibilité de marcher sur la lumière. Il y a avait même des personnes prévues sur place pour expliquer le sens de la pièce. Mais un soir, d’après la mairie et les organisateurs du Printemps de Septembre, les seize projections sont apparues sur le Pont-Neuf sans cet avertissement. Hasard ou intervention divine, je ne sais pas. Une femme a marché sur l’oeuvre au sol, ou plutôt elle est passée sous la lumière d’une projection du haut vers le bas, ce qui a donné à des musulmans le sentiment qu’elle marchait volontairement sur des versets du Coran. Quelqu’un l’a prise à partie et l’a giflée pour cet acte, selon lui sacrilège. Ainsi est née la légende de la femme qui a marché sur la lumière.  

Calmer le jeu, oui, il faut calmer le je.

Le 3 octobre, je lis dans L’Express : « Le directeur artistique Paul Ardenne souscrit à la volonté de “calmer le jeu”. Mais il s’inquiète que le retrait de la vidéo soit considéré comme la victoire d’une “attitude profondément anti culturelle”, voire de l’islamisme radical.

Donc, il a fallu calmer le jeu. Sortir du terrain tête basse. Laisser le terrain vide. Laisser les intégristes jouer seuls dans notre terrain, s’amuser et crier victoire.

Le 5 octobre à 12 h, je lis sur le site du ministère de la Culture et de la Communication le communiqué de presse d’Aurélie Filippetti.

“Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, prend acte de la décision de l’artiste Mounir Fatmi d’arrêter la présentation d’une de ses oeuvres sur le Pont Neuf à Toulouse dans le cadre de la manifestation « Le Printemps de Septembre ». Le Printemps de Septembre de Toulouse est l’une des manifestations emblématiques de l’art contemporain en France et Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, se félicite du rayonnement de cet événement. Dans le cadre de son édition 2012 et de son thème, L’histoire est à moi ! L’artiste Mounir Fatmi a, durant les Nocturnes, notamment proposé « Technologia », une projection dans l’espace public associant à d’autres éléments, des sourates du Coran, un vibrant et politique hommage tant à la lumière qu’a la calligraphie arabe. Devant une certaine incompréhension face à la projection sur le sol de « Technologia », Mounir Fatmi a décidé de retirer cette oeuvre de la programmation. La ministre prend acte de cette décision. La ministre tient néanmoins à réaffirmer son soutien à la création artistique et la liberté d’expression”.

Le 8 octobre, Stéphanie Le Bars, écrits dans Le Monde : “Le directeur du Printemps de Septembre, Régis Durand, s’est aussi rallié « à la volonté d’apaisement de la mairie dans un contexte toulousain qui demeure tendu ». « On ne peut pas s’abstraire de la réalité sociale et se réfugier derrière la liberté artistique absolue. » Il juge néanmoins ce climat « déplorable et inquiétant », d’autant que « l’oeuvre de Fatmi, qui n’est pas provocatrice, a été assimilée à des oeuvres délibérément blasphématoires ». « Face à ces formes d’intolérance, on va droit vers l’autocensure », regrette-t-il.

D’après les articles qui sont sortis le lendemain de la manifestation : les organisateurs ont appelé les CRS qui n’ont pas réussi à disperser la foule qui manifestait contre mon installation. Donc le Conseil régional du culte musulman a dû faire venir un imam de la mosquée pour parler et apaiser les gens. Pour calmer les fidèles, il fallait quelqu’un de leur bord. Enfin, en accord avec la mairie de Toulouse, les responsables du Printemps de Septembre et du commissaire de l’exposition, j’ai du faire le sale boulot et retirer Technologia de l’espace public. Je n’avais pas le choix. J’ai très vite compris que l’incident de l’agression l’avait transformée en une autre oeuvre, totalement différente de celle que j’avais créée auparavant. Et cette nouvelle oeuvre, que l’on pourrait résumer à une invitation faite aux passants traversant le pont à marcher sur des versets du Coran, l’espace public ne pouvait la recevoir. Ou alors, pour tenter de la préserver, telle que je l’avais voulue au départ, des CRS, des hommes d’une unité spécialisée dans les interventions tendues, allaient-ils devoir protéger son accès sur le pont afin d’éviter de nouveaux débordements ? Là encore, l’oeuvre présentée dans ces circonstances aurait aussi été nouvelle, profitant alors de la participation permanente du culte musulman de Toulouse et de la police. Mais quel intérêt pour moi ?

Je viens finalement de réaliser que j’ai perdu la bataille. Que nous avons tous perdu la bataille ! Nous les avons laissés faire. Ils nous ont impressionnés, ils nous ont fait peur, nous ont terrorisés. Ils nous ont démunis de notre liberté de dire, de montrer, de penser.  

L’histoire n’est pas à moi.

Je n’osais plus ouvrir ma messagerie Internet. Il y avait des emails de croyants se sentant offensés exigeant le retrait de l’oeuvre, me proposant de projeter Technologia vers le ciel au lien de la projeter vers le sol : très absurde mais poétique quand même. Je n’avais aucune envie de voir mon compte Facebook : je ne voulais plus lire les commentaires ni même les lettres de soutien. Je ne voulais plus lire non plus les blogs, les interventions et les discussions sur les forums. On pouvait lire alors ce genre d’avertissement de modération en bas de chaque forum : « Le contenu de cet article peut donner lieu à des commentaires inacceptables sur notre site. Tout message à caractère raciste sera modéré, et l’auteur sera passible de bannissement. Pour la bonne tenue du débat, merci de débattre dans la courtoisie et le respect de l’autre. Si un commentaire vous paraît contrevenir à la charte, merci de le signaler plutôt que d’y répondre et d’envenimer la conversation ».

Cette situation m’a beaucoup isolé. Je me suis senti seul, un peu perdu dans la tempête. J’ai dû encaisser, prendre sur moi les insultes et les intimidations. Mais ces messages étaient moins virulents que les invectives haineuses, presque des menaces de mort à mon encontre que certains ont entendu dans les rues de Toulouse lors de la manifestation.

J’ai éteint mon ordinateur en me disant : maintenant il faut résister à la tempête médiatique. Laisser passer le temps. Espérer la naissance d’un bébé panda pour amuser la communauté des internautes et qu’ils passent à autre chose.

Quelques jours plus tard, c’est l’affaire Sleep al Naïm, installation commandée depuis des mois par l’Institut du Monde Arabe à Paris pour son exposition vingt-cinq ans de créativité arabe, qui est éjectée de l’espace du musée — remplacée par l’installation « Les Temps Modernes ». Son délit : mettre en scène le sommeil de Salman Rushdie, condamné depuis 1989 par la fatwa de l’imam Khomeini, pourtant officiellement levée par l’Iran en 1998. Apparemment, les donateurs de l’Institut ne voulaient pas de l’écrivain dans une exposition qu’ils souhaitaient importer dans les pays du Golfe après sa présentation à Paris. Cette exclusion sonne de façon encore plus sinistre deux années plus tard : tout comme Charb, dessinateur et directeur de publication de Charlie Hebdo assassiné, Salman Rushdie fait en effet partie des onze personnalités Wanted, dead or alive, for crimes against Islam.

Que faire maintenant ? Je ne peux plus calmer mon "Je". Je ne peux plus calmer le jeu. La machine médiatique reprend son rythme infernal. Je connais maintenant la chanson. J’ai acquis un peu d’expérience.

J’ai pris des marteaux et commencé à frapper sur la machine. J’ai frappé fort jusqu’à l’épuisement. J’ai mis toute mon énergie, ma force, ma haine, mon désespoir. J’ai frappé, frappé jusqu’au sang.

Paris, Septembre 2015, mounir fatmi.

 

 

Finding oneself in a state of extreme shock, unravelling unreality, in a corner of one’s self, with pieces of the real world.
Antonin Artaud.

A Brief Summary

France: the Moroccan artist Mounir Fatmi removes an artwork considered blasphemous.
On Wednesday, the Moroccan artist Mounir Fatmi announced the withdrawal of one of his works from a contemporary art festival due to protests of Muslims offended at seeing passers-by walking on verses of the Koran projected onto the ground.
At the center of the controversy: the projection of a video on a bridge in Toulouse (Southwestern France), part of the festival « Printemps de Septembre ». The video projection of circles inspired by the Rotoreliefs of Marcel Duchamp, with calligraphic verses from the Koran and hadith by the Islamic prophet Muhammad, whirling inside them. The installation began on Tuesday night, even though it was only meant to presented over the two weekends of the exhibition. There was supposed to be a sign in place to deter people from stepping on the work but it was not yet installed.

Dozens of demonstrators (60 to 80 according to the police) gathered spontaneously to prevent the numerous pedestrians on the bridge from treading on the light projections. According to the police, a young woman was slapped for accidentally stepping on the verses. According to a demonstrator however, she was struck for having been provocative because she defied the gathered participants by walking on the halos of light. The arrival of an imam and his calls for calm led to the crowds dispersing without further incident.
In his own words Mounir Fatmi, Moroccan « of Muslim origin », denied any interest to provoke and believes it is all a misunderstanding. As « the conditions for my exhibited piece were not met and its legibility was impaired, and especially the ability to understand it, I prefer to remove it », he said.

AFP Press Release October 3, 2012

History is Mine.

Autumn 2012. It was on March 22 when Mohammed Merah died in Toulouse, following the onslaught of law enforcement after thirty-two hours of negotiations. This Franco-Algerian Islamic terrorist murdered seven people, including three Jewish children, and left six injured. Then, between late September and early October, the global scandal of the inept video Innocence of Muslims on YouTube set the whole world aflame without leaving the local Muslim community unharmed. Worse still, while the release of Joseph Anton, autobiography of Salman Rushdie’s covert years following the fatwa launched against him in 1989, was announced, Charlie Hebdo again published caricatures of the prophet.
Consequently, everyone sees Technologia as a new provocation against Islam and Muslims. It is in this climate that I was accused of adding oil to the fire to take advantage of the situation by offering myself a cheap promotional campaign ! This, however, is false. How could I possibly anticipate such chaos while I was preparing my work for the « Printemps de Septembre » event over the previous ten months?

That year’s «Printemps de Septembre» was titled History is Mine.
I believed in this, until I received that phone call on October 3rd while I was at Charleroi in Belgium announcing the protest which took place the previous day against my exhibit in Toulouse, and its suspension. That same day the magazine L’Express published an article on its website: In Toulouse, artist removes representation of a work considered blasphemous. This was followed by an article by Jean-Manuel Escarnot in Next Libération, titled Koranic tango in Toulouse.
The phone calls and messages from journalists swamped my answering machine in just a few hours. I was no longer in control of anything. Things went very fast. More and more titles appeared in the press, radio, television, and of course on the internet.
The case of Technologia was born.

I had to respond, explain, and defend my ideas to the journalists. Otherwise the items would have been published with that terrible statement: we contacted the artist, who refused to comment. I repeated the same thing over and over. I had to stay focused, to avoid going in all directions. Talking about years of research in minutes, synthesizing, summarizing to the maximum.

Everyone was waiting for the slightest provocation on my part to make a headline.
Journalists do not have the time, they want to understand quickly and they need a headline.

Ah! Newspaper headlines! Real poetry, I willingly cite some:

Mounir Fatmi or the art of being censored.

The controversial Koranic calligraphy is withdrawn.

Mounir Fatmi suspends his work Technologia.
A work considered blasphemous by Muslims is removed in Toulouse.

Artist withdraws his calligraphic work.
Work perceived as blasphemous removed in Toulouse.
Mounir Fatmi, a controversial artist?

Mounir Fatmi: art is not a bed of roses.

Polemic work for the Muslim community is removed from the Printemps de Septembre exhibition.

In Toulouse - verses of discord.

Deprogramming at Printemps de Septembre: «Putrid air in the background»?
Misunderstanding over Islamic art sparks near-riot.

The self-censorship of Mounir Fatmi.

Toulouse: Work of art removed after Muslims complain.
France: an artist stops the presentation of a work considered blasphemous

Moroccan artist in France cancels his work deemed offensive to Islam.

France: The work of a Moroccan removed from exhibition, as it is judged blasphemous.

In Toulouse, a work of art is removed under pressure from Muslim protesters.
« Technologia », deemed a blasphemous work of art

The city of Toulouse withdraws a work considered blasphemous by some Muslims

Mounir Fatmi removed a video at Toulouse’s contemporary art festival

The return of Islamophobic provocation

The art of not making waves


Walking On The Light

What happened in Toulouse surprised everyone. The first version of Technologia, projected on a wall in 2011, was shown at the opening of the Mathaf Museum of Modern and Contemporary Art in Qatar, a few kilometres from Saudi Arabia, without any problem. The central element of this work is the circle because the circle is the beginning of the machine, which is one of the essential elements of my work with language and architecture. Technologia, as its name suggests, mixes different media and techniques. It shows the Rotoreliefs by Duchamp into which I integrated circular calligraphic verses from the Koran, representing the cosmos, the hadiths by the prophet regarding beauty, and other circular patterns from mathematics or astronomy.
In Toulouse, my project was mounted on a bridge, a strong architectural symbol of the concept of a passage and transmission. It included six projections onto the ground. I asked that the following message be written on the floor ahead of the artwork: « Do not step on the work ». This is the classic invitation to the visitor not to « touch » the piece, but to rather keep his distance by stepping back to see and understand the work. It was also a humorous nod to the impossibility of walking on light. There was even the provision of having someone on site to explain the meaning of the piece. But one night, according to the mayor and the organizers of the « Printemps de Septembre » exhibit, the sixteen projections appeared on the Pont Neuf without warning. Whether by chance or divine intervention, I do not know. A woman stepped on the work on the floor, or rather her foot came under the projected light, which gave Muslims the feeling that she deliberately walked on verses from the Koran. Someone took her aside and slapped her for this act, considered sacrilegious. Thus was born the legend of the woman who walked on light.

Calm things down... yes, I must do so.

On October 3rd, I read in L’Express: «The artistic director Paul Ardenne supports the intention of « calming things down ». However, he is concerned that the withdrawal of the video may be seen as the victory of a « profoundly anti-cultural attitude », that of radical Islam.

So things must be calmed down. I exit the field with my head bowed. Leave the field empty. Allow the fundamentalists to play alone in our territory, to enjoy themselves and claim victory.

On October 5th at 12pm, I read a press release by Aurélie Filippetti on the website of the Ministry of Culture and Communication.

« Aurélie Filippetti, Minister of Culture and Communication, takes note of the decision of the artist Mounir Fatmi to discontinue the presentation of one of his works on the Pont Neuf in Toulouse which formed part of the event « Printemps de Septembre ».
Le Printemps de Septembre in Toulouse is one of the emblematic exhibitions of contemporary art in France and Aurélie Filippetti, Minister of Culture and Communication, welcomed the influence of this event. As part of its 2012 edition and its theme ‘History is Mine!’, the artist Mounir Fatmi, during the « nocturnes », pro- posed « Technologia », a projection in a public space making use of, among other elements, passages from the Koran. His idea was a vibrant and political homage both to light and Arabic calligraphy. Faced with a certain incomprehension regarding the projection of « Technologia » on the ground, Mounir Fatmi decided to remove this piece from the event program. The Minister takes note of this decision. The Minister nevertheless wishes to reaffirm her support for artistic creativity and freedom of expression. »

On October 8th, Stéphanie Le Bars wrote the following in Le Monde: « The director of Le Printemps de Septembre, Régis Durand, also rallied «to the appeasement of the Town Hall in Toulouse, an environment that has remained tense. » « One cannot distance oneself from social reality while hiding behind artistic freedom. » Nevertheless, he considers this situation « deplorable and worrying », especially as « the work of Fatmi, which is not provocative, has been likened to deliberately blasphemous works.»«Faced with these forms of intolerance, there is no other option other than self-censorship » he says regretfully.

According to the articles that came out the day after the event, the organizers called CRS (Republican Security Companies) who were not able to disperse the crowd demonstrating against my exhibit. The Regional Muslim Council therefore had to bring an imam from the mosque to talk to and appease the people. To calm the faithful it was necessary to bring someone who was on their side. Finally, in agreement with the city of Toulouse, « le Printemps de Septembre » officials and the curator of the exhibition, I had to accede to the unpleasant task of removing Technologia from the public space. I had no choice. I quickly realized that the incident of aggression had turned my work into another, totally different one from that which I had created. And this new work, which could be summarized as an invitation to passers-by to walk across the bridge upon verses from the Koran, was impossible for a public space to handle. Or could I try to preserve it, as I had originally intended ? Would the CRS, officers who are specialized in potentially dangerous confrontations, have to protect access to the bridge in order to avoid further incidents ? Then again, the work presented under these circumstances would also have become something new, considering the ongoing presence of the Muslim population of Toulouse and the police. What interest was there for me ?

I finally realized that I had lost the battle. That we had all lost the battle! We allowed them to do as they pleased. They left us overwhelmed, scared, terrorized, starved of our freedom to say, to show, to think.

History is not Mine.

I did not dare open my emails any more. There were emails that arrived from everywhere, believers feeling offended and demanding the withdrawal of the work, suggesting that I project Technologia skyward as opposed to projecting it on the floor: very absurd but poetic nonetheless.
I had no desire to see my Facebook account, I did not want to read reviews nor even letters of support. I did not wish to read any more blogs, presentations or discussions on forums. At the bottom of each forum one would read the following warning from the moderators: « The content of this article may give rise to comments considered unacceptable on our website. All racist comments will be moderated and the author may be banned. In the interests of maintaining a positive discussion, we kindly ask you to uphold courtesy and respect for others in your discussion. If you think a comment contravenes our guidelines, please report it rather than responding and escalating the conversation ».

I felt entirely isolated. I felt alone, lost in the storm.
I had to pull back from all the insults and intimidation. But these messages were less virulent than the hateful insults, almost death threats, against me that some heard in the streets of Toulouse at the time of the event.

I turned off my computer saying: now I must resist the media storm. Allow time to pass. Await the birth of a baby panda to amuse the Internet. Wait for them to move on to something else.

A few days later this was indeed the case. Sleep al Naïm, an exhibit commissioned months ago by the Arab World Institute in Paris for their exhibition Twenty-five years of Arab creativity, was removed from the museum and replaced by the video work Modern Times. The crime: a representation of a sleeping Salman Rushdie, condemned since 1989 by the fatwa of Imam Khomeini yet officially absolved by Iran in 1998.

Apparently the donors of the Institute did not want this writer featured in an exhibition they wished to take to the Gulf after its presentation in Paris.
This reasoning sounds even more ominous two years later: just like Charb, designer and editor of Charlie Hebdo who has been assassinated, Salman Rushdie is indeed one of the eleven personalities wanted, dead or alive, for crimes against Islam.

What to do now ? I cannot calm my ‘I’.
I can no longer calm things down.
The media machine resumes its infernal rhythm. I now know the song.
I have gained some experience.

I have taken hammers and have started beating on the machine. I hit hard until reaching exhaustion. I have put all my energy, my strength, my hatred, my despair into it. I have struck, struck so hard I drew blood.

mounir fatmi, September 2015, Paris