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Critic 19 Julie Crenn - To read between the lines, Paris 2019 Critics
 


mounir fatmi’s artistic propositions are radical.

They forcefully express his opposition to diktats and conformism.

and conformism.


Julie Crenn
 

Lire entre les lignes: mounir fatmi, critique Africultures 

To read between the lines: mounir fatmi, review on Africultures  

mounir fatmi présente en ce moment sa deuxiéme exposition personnelle à la galerie Hussenot à Paris. Avec Between the Lines, l'artiste marocain poursuit sa réflexion sur les failles de la mondialité. Né à Tanger en 1970, il travaille aujourd'hui entre le Maroc et la France. Son travail bénéficie d'une forte reconnaissance depuis quelques années puisqu'il a reçu en 2006 le Grand Prix Léopold Sédar Senghor lors de la 7e biennale de Dakar. En 2007 son travail a été sélectionné pour la première édition de la Triennale de Luanda, la huitième biennale de Sharjah, ainsi que la 52e biennale de Venise. Son oeuvre multimédia oscillant entre installations, sculptures, vidéo, dessins ou encore peintures, nous amène à lire entre les lignes de notre monde et à une prise de conscience des malaises qui nous entourent.


"Je ne me plains pas, le mal est contemporain." (mounir fatmi)
     
Les propositions artistiques de mounir fatmi sont radicales. Elles expriment avec force son refus des diktats et du conformisme. à commencer par la maniére de se présenter au public en substituant les majuscules de son nom et prénom. Sans les majuscules, il échappe aux normes. L'artiste procéde à une déconstruction des classifications, des conditionnements, des hièrarchisations et des obligations non seulement dans le domaine artistique mais aussi dans notre société. Si mounir fatmi a suivi différentes formations artistiques, à Casablanca et à Rome, il s'est positionné en rupture avec le caractère traditionnel de l'enseignement artistique. Ce qui l'a conduit vers le monde de la publicité. "J'ai beaucoup appris sur la façon dont on manipule les images. J'ai compris qu'on fabriquait tout et qu'on pensait à la place des gens. Or c'est précisément ce que j'évite de faire dans mon travail." (1) Son expérience dans la publicité lui a permis d'intégrer et de pratiquer les codes d'une communication agressive et abrutissante. Un langage qu'il s'attache à altérer dans son oeuvre, qui repose sur sa relecture des images et des mots à partir desquels il fabrique les slogans colorés d'une poésie subversive.

Au début des années 1990, il jouit de la reconnaissance de ses pairs au Maroc qui le considérent comme un des fleurons de la peinture contemporaine marocaine. En réaction à cela, mounir fatmi proclame sa mort artistique. Il décide de recouvrir ses toiles d'une épaisse peinture blanche et d'y inscrire "sans témoin". Les images disparaissent avec sa peur du conformisme et de l'incohérence avec sa véritable conception de l'art. Le recouvrement de ses toiles était aussi une maniére de critiquer avec virulence les institutions culturelles marocaines dans les années 1990 qui ne soutenaient pas ses artistes et ne laissaient pas de place à un espace critique libre. Pour ne pas sombrer dans l'académisme, fatmi a opté pour la radicalité du geste.
Il quitte la Maroc pour travailler et exposer aux quatre coins du globe. En véritable artiste nomade, il véhicule sa pensée à la fois transgressive et productrice de sens. "De l'exil, j'ai fabriqué des lunettes pour voir." (2) Une prise de distance nécessaire pour englober dans son travail les failles de notre monde qui souffre des méfaits de la mondialisation. Celle-ci entraîne une séparation toujours plus flagrante des cultures dont l'incompréhension mutuelle inquiéte l'artiste. Dans cette perspective, mounir fatmi ne revendique aucune appartenance, bien au contraire, il exprime dans son oeuvre son statut de citoyen du monde. Lorsqu'il réalise G8. Les Balais, une installation composée de huit balais au bout desquels sont disposés les drapeaux des huit pays les plus puissants du monde. Huit pays qui font la pluie et le beau temps sur les sujets les plus cruciaux de notre époque. Ils ménent littéralement le ballet de l'économie mondiale. Pourtant, le fait que les drapeaux soient au bout des balais, signifie aussi que ces pays doivent donner un grand coup de balai sur le systéme actuel qui renforce les inégalités économiques et les injustices sociales les plus insupportables. Selon l'artiste, ils se doivent de nettoyer les mécanismes caducs de notre société. Son travail reléve de l'électrochoc. fatmi souhaite réveiller les consciences et provoquer un soulévement collectif à l'encontre du cloisonnement sociétal qui étouffe l'espéce humaine.
     

Entre le Noir et le Blanc

Depuis les années 1990, il produit des oeuvres où les couleurs noires et blanches dominent l'espace. Une esthétique dichotomique qui renforce le discours à la fois politique et poétique du plasticien. mounir fatmi apparaît comme un des héritiers du minimalisme. Il choisit des objets à partir desquels il travaille de maniére récurrente, comme les VHS, les barres d'obstacles hippiques, les drapeaux, les lames de scie ou encore les balais. Ces objets deviennent des motifs et perdent leur sens commun. Attardons-nous sur la fascination qu'éprouve le plasticien pour les VHS. Entre 2004 et 2005, il réalise Ecrans Noirs, une oeuvre murale rectangulaire uniquement composée de VHS. Un écran sans écran, une peinture sans peinture. La VHS a remplacé le marbre, fatmi l'utilise comme un matériau artistique dans plusieurs installations et sculptures. Avec Ecrans Noirs, les VHS y sont un élément décoratif, sériel et abstrait. Sur le fond noir fourmillent les ronds blancs, à l'image d'une oeuvre murale de Niele Toroni où les marques de peintures s'alignent à l'infini. La VHS est par ailleurs un objet désuet, quasiment archaïque. à l'heure du tout numérique, elle est aujourd'hui abandonnée et rendue inutile. Le spectateur peut cependant se demander ce que les VHS de mounir fatmi recèlent. Derriére ces "écrans noirs" grouillent les bandes magnétiques de ces cassettes muettes. Des bandes où circulaient des images et du son. Sont-elles vierges ou contiennent-elles des images dont le mystére attise la curiosité du spectateur ? La VHS incarne l'obsession de l'artiste pour l'image. Notre impossibilitéde les mettre à jour renforce le rapport angoissant que nous pouvons entretenir avec les images. Quels secrets renferme cet écran noir ? Au-delà d'une oeuvre extrémement esthétique, s'engage une réflexion sur le sens donné aux images que nous enregistrons, coupons, gardons, effaçons et projetons. Sur cet écran noir le spectateur projette ses propres images, ses craintes et ses espoirs.
     
Le caractére énigmatique et angoissant de la VHS en tant que matériau artistique atteint son paroxysme dans Gardons Espoir (2007). Il s'agit d'une chambre de torture entiérement réalisée à partir de VHS empilées, au centre de laquelle trône la reproduction d'une chaise électrique en VHS. De part et d'autre de la chaise s'échappent les bandes magnétiques des cassettes. De maniére symbolique, l'homme est enchaîné, aliéné par les images, médiatiques, publicitaires etc.. Le fait d'avoir choisi la chaise électrique comme motif principal est une maniére pour l'artiste de rendre hommage à Andy Warhol et sa série Electric Chair. Warhol a "démocratisé" l'image de la chaise électrique en la rendant populaire. Marie Deparis écrit : "Ce dispositif optique exprime la confrontation historique du Pop et du minimalisme, mais aussi, dans un autre registre, la confusion et les ambivalences de notre relation à la mort." (3) Gardons Espoir peut être comprise comme une réactualisation de la tradition artistique des Vanités, ici le crâne est remplacé par la chaise électrique. (4) L'oeuvre traduit le broiement des consciences dans le flux toujours plus envahissant des images qui attisent la surconsommation, les peurs collectives, les envies dérisoires, les modéles dangereux etc. Des images que contiennent les VHS, ou bien son-elles vierges ? Son titre comporte cependant une note optimiste, Gardons Espoir, en attendant la fin de la dictature des images malveillantes.
     

Briser l'orientalisme

mounir fatmi utilise réguliérement des éléments de la culture arabe, non pas pour revendiquer un statut ou une culture spécifique, mais tout simplement car elle existe en lui et il ne peut l'occulter. "Je n'ai pas besoin de racines, c'est une mémoire qu'il me faut." Tout comme Latifa Echakhch, il met en scéne des éléments arabisants pour procéder à une déconstruction du discours occidental porté sur l'Orient. Les sourates et hadiths extraits du Coran apparaissent de maniére récurrente dans son travail depuis les années 1990. fatmi écrit :"Même indéchiffrable l'écrit garde ainsi sa valeur sacrée, et fait danser le corps de ses lettres sur un mur de silence" (4). Entre 2007 et 2008 il reproduit les calligraphies coraniques à l'aide de câbles de télévision blancs, vecteurs d'images et allié du milieu médiatique. Disposées sur un fond blanc, elles rappellent le Carré Blanc sur Fond Blanc (1918) de Kazimir Malevitch. Une esthétique épurée qui a largement influencé les minimalistes des années 1960-1970, que fatmi développe et actualise à son tour. L'histoire de l'art est pour lui une source intarissable. La lecture de ses oeuvres différe selon chaque individu. Chacun en a une compréhension personnelle. L'artiste nous invite à ne pas tomber dans le piége du sublime et à prendre conscience de la valeur donnée aux mots.
En 2010, il présente l'installation Maximum Sensation où sont placés au sol des skateboards dont les planches sont recouvertes de tapis de priére. Tout comme les textes calligraphiés, le spectateur est happé par la beauté des motifs tissés et cousus. Le processus artistique est le même puisque mounir fatmi altére le caractére sacré du tapis en l'incorporant au skateboard. Le tapis implique calme, concentration et méditation, tandis que le skateboard est vecteur de vitesse, d'urbanité et de jeu. Les deux objets partagent une idée de mobilité puisqu'ils accompagnent leurs propriétaires. Pourtant, une fois réunies leurs spécificités s'annulent. Maximum Sensation nous rappelle le travail de Naji Kamouche qui lui aussi a procédé à un travail de camouflage. L'oeuvre intitulée A Bas les Cieux figure un ring de boxe à échelle 1, intégralement recouvert de fragments de tapis de priéres, traduit la fin du combat de l'homme contre le religieux. La désacralisation du tapis de priére, porteur d'une symbolique forte, est une idée portée par de nombreux artistes.
     

Between the Lines

     
Dans son travail, mounir fatmi envisage le monde comme une machine au fonctionnement à la fois complexe et absurde. Une idée présente dans The Machinery (2009), une installation murale produite à partir de multiples lames de scies circulaires recouvertes de textes calligraphiés. Extraits du Coran, ils évoquent la beauté divine. Leur élégance et esthétisme tranchent avec le caractére agressif des lames de scies. Une maniére pour l'artiste de nous apprendre à nous méfier des mots. "Si seulement les mots étaient libres sans aucune histoire." (5) Comme les lames, les mots peuvent se révéler être dangereux. La disposition des lames améne le spectateur à formuler une machine aux rouages inextricables. Le langage est une machine, dont l'écriture en est la trace. La violence invoquée par les lames circulaires est effective avec Intervention (2010), une installation murale où les lames calligraphiées transpercent le mur. Confrontés à l'oeuvre, nous avons l'étrange sensation que les lames ont été projetées avec violence contre le mur.
mounir fatmi présente à la galerie Hussenot une oeuvre vidéo de type panoramique projetant au mur une machine fantasmagorique. Modern times, a history of the machine (2010) est l'aboutissement de son travail sur le langage et la dangereuse beauté des mots envers laquelle nous devons nous montrer vigilants. Modern Times est une machine à construire et déconstruire. Construire et formuler un nouveau langage, celui de l'artiste. Déconstruire un systéme inadapté à l'humain, un systéme qui favorise l'inconfort, la surproduction aveugle et l'évanouissement des consciences. L'oeuvre fait directement référence au film muet de Charlie Chaplin, Les Temps Modernes (1936), dans lequel l'homme apprend à survivre dans un monde toujours plus industrialisé et précaire. Il lutte contre la machine qui vient le broyer. La vidéo fait également un clin d'oeil au pére de l'art contemporain, Marcel Duchamp, qui a produit ses Rotoreliefs aprés avoir réalisé son premier film Anemic Cinema en 1925. Sur des cercles en carton, Duchamp a peint des motifs abstraits, qui, une fois en mouvement, produisent un effet de volume. Alors que fatmi utilise un objet fabriqué de maniére sérielle pour les transformer en oeuvres uniques, Duchamp fabriquait ses Rotoreliefs pour les commercialiser et en faire des multiples. Le processus est ici inversé. Les Rotoreliefs pouvaient être installés sur un tourne disque afin d'obtenir les illusions optiques escomptées. Un concept que mounir fatmi reprend dans Mixology (2010), une oeuvre vidéo montrant un dj mixant sur deux platines, des disques sur lesquels sont retranscrits des textes calligraphiés.
L'absurdité du monde globalisé est aussi synthétisée à travers l'oeuvre Mehr Licht (2010). Une installation composée de plusieurs photocopieuses, sur lesquelles les documents papiers à reproduire sont remplacés par des néons allumés. Comment la machine peut-elle capter la lumiére du néon ? mounir fatmi nous confronte à une situation grotesque à l'image de notre société qui perd son sens et ses fondamentaux. L'oeuvre est un appel à reconsidérer le systéme mondial que l'artiste juge à la dérive. Donner un nouvel éclairage sur les effets négatifs de la mondialisation qu'il est encore temps de corriger. "Mehr Licht" ("plus de lumiére") ont été les derniers mots prononcés par Goethe avant d'expirer. mounir fatmi aspire à ce "plus de lumiére" qu'il s'acharne à traduire dans son oeuvre multiréférentielle et complexe.
Par le biais de ces différentes oeuvres et installations, nous comprenons la stratégie artistique de mounir fatmi qui incite le spectateur à se méfier des images et à produire différentes interprétations de celles-ci. Une vigilance de tous les instants puisque nous sommes constamment assaillis par les images. L'artiste nous invite au réveil des yeux, des consciences et des pensées plurielles.

Julie Crenn

1. SLIMANI, Leila. "Mounir Fatmi" in Jeune Afrique. Janvier 2010.  :[en ligne ici]

2. fatmi, mounir : ["Manifeste Coma : Précautions"]

3. DEPARIS, Marie. "Gardons Espoir". Janvier 2009. Disponible en ligne : [ "Gardons Espoir"]

4. Les Vanités sont des natures mortes spécifiques puisqu'elles rassemblent des éléments en lien avec la mort, le vide et le caractére éphémére de la vie. Le crâne en est devenu le symbole principal. Les Vanités sont apparues au XVII éme siécle en Hollande, où les natures mortes ont connue un âge d'or. Depuis, les acteurs des différents mouvements artistiques reformulent et renouvélent le genre.

5. LOISY de, Jean, 2006. ["99 noms de Dieu"]

6. fatmi, mounir : ["Manifeste Coma : Mise en garde"]

 

mounir fatmi is currently presenting his second personal exhibit at the Hussenot gallery in Paris. With Between the Lines, the Moroccan artist continues his reflection on the flaws of modernity. Born in Tangiers in 1970, he now works between Morocco and France. His work has been widely recognized in recent years; he received the Grand Prix Léopold Sédar Senghor in 2006 at the 7th Dakar biennale. In 2007, his work was selected for the first edition of the Luanda triennale, the eighth Sharjah biennale and the 52nd Venice biennale. His multimedia work, which comprises installations, sculptures, videos, drawings and paintings, encourages us to read between the lines of our world and become aware of the ills that surround us.

“I’m not complaining, this is a contemporary evil.” (mounir fatmi)

mounir fatmi’s artistic propositions are radical. They forcefully express his opposition to diktats and conformism. Beginning with the way of presenting himself to the public by shedding the capital letters in his first and last names. Without the capitals, he breaks free from the norm. The artist conducts a deconstruction of classifications, conditionings, hierarchies and obligations, not only in the artistic domain, but also in society. mounir fatmi received artistic training in Casablanca and Rome, but he broke off with the traditional methods for teaching art. Which led him to work in advertising. “I learned a lot about how images can be manipulated. I understood that we fabricated everything and thought in the place of people. And that’s exactly what I want to avoid in my work.” (1) His experience in advertising enabled him to learn and use the codes of aggressive and mind-numbing communication. A language he tries to alter in his work, which is based on his reinterpretation of images and words from which he creates the colorful slogans of a subversive poetry.

In the early 1990s, he was recognized by his peers in Morocco, who considered him as one of the best contemporary painters in the country. As a reaction, mounir fatmi declared his artistic death. He decided to cover his paintings with thick white paint and to write “no witness” on them. The images disappear along with his fear of conformism and of incoherence with his true conception of art. Covering up his paintings was also a way to violently criticize the Moroccan cultural institutions of the 1990s that don’t support these artists and leave no place for free critical thinking. To avoid sinking into academism, fatmi chose real life radicalness. He left Morocco to work and exhibit around the world. As a veritable nomadic artist, he carries his transgressive yet meaningful thinking with him. “In exile, I made glasses so I could see.” (2) A necessary step back to incorporate in his work the flaws of our world that suffers from the ails of globalization, which creates an ever-increasing separation of cultures whose mutual incomprehension worries the artist. In this context, mounir fatmi doesn’t claim to belong anywhere; on the contrary, he expresses through his work his status as a citizen of the world, for example when he created G8, the Brooms, an installation comprising eight brooms on the tips of which are placed the flags of the eight most powerful countries in the world. Eight countries that call the shots when it comes to the most important issues of our time. They literally run the show when it comes to the global economy. Yet the fact that the flags are on the ends of the broomsticks also means that these countries need to clean house when it comes to the current system that reinforces the most unacceptable economic inequalities and social injustice. According to the artist, they have to clean up the outdated mechanisms of our society. His work is like an electroshock. fatmi wants to raise awareness and prompt a collective uprising against the social compartmentalization that stifles the human race.

Between black and white

Since the 1990s, he has been producing works where the colors black and white are dominant. A dual esthetic that reinforces the artist’s simultaneously political and poetic discourse. mounir fatmi can be seen as the inheritor of minimalism. He choses objects he frequently works with, such as VHS tapes, horse jumping bars, flags, saw blades or brooms. These objects become motifs that lose their common signification. Let’s take a moment to examine the artist’s fascination for VHS tapes. Between 2004 and 2005, he created Black Screens, a mural rectangular piece entirely made up of VHS tapes. A screen without a screen, a painting without paint. The VHS tape has replaced marble, fatmi uses it as an artistic material in several installations and sculptures. With Black Screens, the tapes are a decorative, serial and abstract element. Against the black background, a swarm of white circles, like a mural by Niele Toroni with its endless alignments of paint marks. Furthermore, the VHS tape is an obsolete, almost archaic object. In the digital age, it has been abandoned and rendered useless. However, the viewer can wonder what mounir fatmi’s VHS cassettes are hiding. Behind these “black screens”, they are teeming with silent tape. Tape where images and sound used to circulate. Are they blank or do they contain images whose mystery whets the viewer’s curiosity? The VHS tape represents the artist’s obsession with images. The impossibility we’re facing to update them reinforces the uneasy relationship we entertain with images. What secrets does this black screen hold? Beyond this extremely esthetic work, a reflection emerges on the meaning we give to images we capture, keep, erase and project. On this black screen, the viewer can project his own images, hopes and fears.

The enigmatic and disturbing quality of VHS tapes as an artistic material reaches its peak in Keeping Faith (2007). It consists in a torture chamber entirely made out of piled up VHS tapes in the middle of which is placed a reproduction of an electric chair, also made of cassettes. Tape from the cassettes comes out of both sides of the chair. Symbolically, man is chained, alienated by images from the media, from advertising, etc. The fact of chosing an electric chair as the main motif is a way for the artist to pay homage to Andy Warhol and his series Electric Chair. Warhol “generalized” the image of the electric chair by making it popular. Marie Deparis writes: “This visual setup expresses the historic confrontation of pop and minimalism, but also, on another level, the confusion and ambivalence in our relation to death.”(3) Keeping Faith can be understood as a modern day version of the artistic tradition of Vanities, where the skull has been replaced by the electric chair.(4) The work transcribes the crushing of consciences in the increasingly invasive flow of images that generate overconsumption, collective fears, derisory desires, dangerous models, etc. Images contained in the cassettes, or are they blank? Yet the work’s title possesses an optimistic touch, Keeping Faith, until the end of the dictatorship of malevolent images.

Breaking orientalism

mounir fatmi frequently uses elements from Arab culture, not as a claim to a specific status or culture, but simply because it exists in him and he can’t ignore it. “Never mind roots, it’s a memory I need.” Like Latifa Echakhch, he utilizes Arab-inspired elements to conduct a deconstruction of the Western discourse on the Oriental world. Surahs and hadiths taken from the Koran frequently appear in his work since the 1990s. fatmi writes: “Even undecipherable, the written word keeps its sacred quality and makes the body of its letters dance on a wall of silence.”(4) Between 2007 and 2008, he reproduced calligraphies from the Koran using white antenna cable, a medium for the transmission of images and an ally of the media industry. Placed against a white background, they remind us of Kazimir Malevich’s White on White (1918). A stripped-down esthetic that strongly influenced the minimalists of the 1960s and 1970s, which fatmi develops and updates. Art history is an inexhaustible source for him. The interpretation of his works differs from one person to the next. Everyone has their own personal understanding of them. The artist encourages us to avoid falling into the trap of the sublime and to become aware of the value of words. In 2010, he presented the installation Maximum Sensation, in which skateboards are placed on the floor, their boards covered with prayer rugs. Like with the calligraphed texts, the viewer is seized with the beauty of the woven and sewn motifs. The artistic process is the same, as mounir fatmi alters the sacred quality of the rug by incorporating it into the skateboard. The rug implies quietness, concentration and meditation, whereas the skateboard represents speed, urban life and fun. Both objects share a sense of mobility, as they are meant to accompany their users. Yet once reunited, their specificities cancel each other out. Maximum Sensation is reminiscent of Naji Kamouche’s work, an artist who also conducted an operation of camouflage. The piece entitled “A bas les cieux” exhibits a life-size boxing ring, completely covered in fragments of prayer rugs, and represents the end of man’s struggle against the religious. The desacration of the prayer rug, which carries a strong symbolic charge, is an idea used by many artists.

Between the Lines

In his work, mounir fatmi perceives the world as a machine whose functioning is both complex and absurd. An idea present in The Machinery (2009), a mural installation made of multiple circular saw blades covered in calligraphed texts. Taken from the Koran, they address divine beauty. Their elegance and esthetic contrast strongly with the aggressiveness of the saw blades. This is a way for the artist of teaching us to be weary of words. “If only words were free and without history.”(5) Like the blades, words can turn out to be dangerous. The disposition of the blades invites the viewer to elaborate a machine with inextricable cogs. Language is a machine, and writing is its trace. The violence expressed by the circular blades is effective with Intervention (2010), another mural installation where the calligraphed blades cut through the wall. When looking at the piece, we get the strange feeling that the blades were violently thrown against the wall. mounir fatmi presents at the Hussenot gallery a panoramic video work that projects a phantasmagorical machine onto the wall. Modern times, a History of the Machine (2010) is the result of his work on language and on the dangerous beauty of words against which we must be vigilant. Modern Times is a construction and deconstruction machine. Constructing and formulating a new language, that of the artist. Deconstructing a system that is unsuitable for humans, a system that favors discomfort, blind overproduction and the vanishing of consciousness. The work directly references Charlie Chaplin’s silent film Modern Times (1936), in which man learns to survive in an ever-increasingly industrialized and precarious world. He fights against the machine that wants to crush him. The video is also a nod to the father of contemporary art, Marcel Duchamp, who produced his Rotoreliefs after having directed his first film, Anemic Cinema, in 1925. On cardboard circles, Duchamp painted abstract motifs that, once set in motion, produce an illusion of volume. Whereas mounir fatmi uses a mass-produced object to turn it into unique works of art, Duchamp made his Rotoreliefs in order to sell them in large quantities. The process is reversed. The Rotoreliefs could be placed on a record player in order to obtain the desired optical illusions. A concept that mounir fatmi re-used in Mixology (2010), a video showing a DJ mixing music on two turntables sporting records where calligraphed texts have been written. The absurdity of our globalized world is also captured in Mehr Licht (2010), an installation comprising several photocopy machines on which the documents to be reproduced have been replaced with lit neon tubes. How can the machine perceive the light from the neon lamps? mounir fatmi puts us in front of a grotesque situation, just like our society that is losing its meaning and its fundamentals. The piece is a call to reconsider a global system the artist believes to be going adrift. It aims to shed new light on the negative effects of globalization that can still be corrected. “Mehr Licht” (“more light”) were the last words pronounced by Goethe on his deathbed. mounir fatmi strives for this “more light” that he constantly tries to transcribe in his complex and multi-referential work. Through his various pieces and installations, we grasp mounir fatmi’s artistic strategy that encourages the viewer to be weary of images and to produce alternative interpretations for them. A constant state of vigilance as we are continuously inundated with images. The artist invites us to open our eyes, our consciences and our plural thoughts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Julie Crenn

1. SLIMANI, Leila. "Mounir Fatmi" in Jeune Afrique. January 2010. :[online here]

2. fatmi, mounir : ["Manifeste Coma : Précautions"]

3. DEPARIS, Marie. "Keeping Faith". January 2009. Available online: [ "Gardons Espoir"]

4. Vanities are a specific type of still lives gathering elements related to death, emptiness and the ephemeral character of life. Skulls became their main symbol. Vanities appeared in the 17th century in Holland, where still lives had their golden age. Since then, protagonists of various artistic movements have been reformulating and renewing the genre.

5. LOISY de, Jean, 2006. ["99 noms de Dieu"]

6. fatmi, mounir : ["Manifeste Coma : Mise en garde"]