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11. | The scissors
 
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  • 2003, Morocco, France, 12 min 07, SD, 4/3, color, stereo.
    Courtesy of the artist and Analix Forever, Genova.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

Video

'' In Les Ciseaux fatmi achieves a juxtaposition or, rather, a shifting between bodily embraces and the dreams that go with them.

The memory of the lovers plays the role of the video maker, and in Les Ciseaux we go from intertwining bodies to inner images. ''


Barbara Polla, July 2015



The Scissors (extract from)




 




Dans Les Ciseaux (2003), Mounir Fatmi monte les scènes d’amour censurées du film Une minute de soleil en moins, réalisé par Nabil Ayouch la même année. Mounir Fatmi réalise donc à son tour un film d’amour, mais d’amour pour les images. Les Ciseaux met en scène les enlacements entre un homme et une femme, et plus largement des étreintes :
1) entre un film défait (Une minute de soleil en moins) et un film de sauvegarde (Les Ciseaux) ;
2) entre l’idéologie qui a censuré les scènes (l’intégrisme marocain) et la nappe discursive qui leur permet de revenir à la lumière (le texte d’Alfred de Musset, symbole populaire du discours d’amour, puisqu’on l’apprend à tous les enfants au sein de l’école républicaine) ;
3) entre les destructeurs et les créateurs d’un film. Car le concept consiste à englober les éléments absents du dispositif : « c’est devenu aussi un film documentaire mais en collaboration avec les intégristes marocains et les censeurs, puisque ce sont eux qui ont décidé des coupures ».

Nicole Brenez



Extrait du catalogue de l’exposition Body Memory, Espace Topographie de l’Art, Paris, Juillet 2015

Toujours préoccupé par la liberté d’expression, essentielle pour lui, mounir fatmi s’intéresse aussi au sexe, avec beaucoup de délicatesse – et essentiellement sous forme de vidéos telle Something is possible (2006) et surtout Les Ciseaux (2003). Pour réaliser ce joyau, fatmi a utilisé et monté les scènes d’amour censurées (coupées au ciseau...) du film Une minute de soleil en moins, réalisé par Nabil Ayouch la même année. Avec Les Ciseaux, fatmi réalise un triple travail de mémoire : premièrement, sauvegarde du film original de Nabil Ayouch, pour qu’on ne l’oublie pas ; deuxièmement, critique frontale de la censure, pour qu’on ne l’oublie pas, et, dans cette perspective, le film devient presque un documentaire réalisé, selon l’artiste, « en collaboration avec les intégristes marocains et les censeurs » (puisqu’il utilise leur travail de censure comme matériau de base des Ciseaux) ; troisièmement, discours sur l’amour, pour que l’on ne l’oublie jamais – impossible d’ailleurs, surtout avec Alfred de Musset.
Mais qui plus est, mounir fatmi réalise avec Les Ciseaux une superposition, ou, mieux dit, un glissement, entre les étreintes des corps et les rêveries qui les accompagnent. La mémoire des amants joue son rôle de vidéaste, et l’on passe, dans Les Ciseaux, des corps enlacés aux images intérieures.


Barbara Polla, Juillet 2015.


vidéo distribuée par Heure exquise ! www.exquise.org

 

 

In Les Ciseaux (2003), Mounir Fatmi puts on the censored love scenes in the film Une minute de soleil en moins/A Minute of Sunlight less, directed by Nabil Ayouch that same year. Mounir Fatmi thus in his turn makes a love film, but the love is for imagery. Les Ciseaux presents the entwinements between a man and a woman, and more broadly embraces:

1) between a film undone (Une minute de soleil en moins) and a backup film (Les Ciseaux);
2) between the ideology that censored the scenes (Moroccan fundamentalism) and the discursive layer which helps them to rebound back (the text by Alfred de Musset, a popular symbol of the love discourse, since it is taught to all children in republican schools);
3) between the destroyers and creators of a film. For the concept consists in encompassing factors absent from the arrangement: "It has also become a documentary film but in conjunction with Moroccan fundamentalists and the censors, because it is they who decided on the cuts ".

Nicole Brenez


Extract from the catalogue of the exhibition Body Memory, Espace Topograhie de l’Art, Paris, July 2015

Always concerned with freedom of expression, which for him is essential, mounir fatmi also considers sex, and does so with great delicacy, usually in the form of videos like Something is possible (2006) and, above all, Les Ciseaux (The Scissors, 2003). To make this jewel of a film, fatmi edited together censored love scenes (literally cut with scissors) from Une minute de soleil en moins (A Minute of Sun Less), a film made by Nabil Ayouch that same year. With Les Ciseaux, fatmi has produced a threefold work of memory: first of all, he preserves Ayouch’s original film, to keep it from being forgotten; secondly, he delivers a frontal critique of censorship, to keep that too from being forgotten (in this regard, the film can almost be seen as a documentary made, as the artist puts it, “in collaboration with Moroccan fundamentalists and censors” – in that he uses their work of censorship as the raw material for Les Ciseaux); and thirdly, it is a discourse on love, to keep us from forgetting – as if we could: witness Alfred de Musset’s words on the subject. Furthermore, in Les Ciseaux fatmi achieves a juxtaposition or, rather, a shifting between bodily embraces and the dreams that go with them. The memory of the lovers plays the role of the video maker, and in Les Ciseaux we go from intertwining bodies to inner images.


Barbara Polla, July 2015.

Translation by Charles Penwarden