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05. | Parallel Worlds
 
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  • 1999 - 2008. Coaxial antenna cable, colored tape, 12 meters long.
    Exhibition view Fuck Architects: chapter III, FRAC Alsace, 2009, Sélestat.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Benetiere, Paris.
    Ed. of 5 + 1 A.P.

  • 1999 - 2008. Coaxial antenna cable, colored tape, 12 meters long.
    Exhibition view from FOMO, Fear Of Missing Out, Sextant &+, 2015, Marseille.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Benetiere, Paris.
    Ed. of 5 + 1 A.P.

  • 1999 - 2008. Coaxial antenna cable, colored tape, 12 meters long.
    Exhibition view from Minimalist is Capitalist, 2009, Conrads.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Benetiere, Paris.
    Ed. of 5 + 1 A.P.

'' The work uses a both abstract and material language to evoke the nature and the universal character of the elements that structure our contemporary societies. ''


Studio Fatmi, December 2017
 




« Mondes parallèles » est une sculpture monumentale réalisée au moyen de plusieurs dizaines de sections de câbles coaxiaux longs de douze mètres qui se déroulent au sol et traversent de part en part l'espace d'exposition où évolue le spectateur. Sur la moitié de la longueur de la sculpture les câbles sont rassemblés, étroitement accolés les uns aux autres et entourés de rubans adhésifs de diverses couleurs, pour que l'ensemble ne forme qu'un seul câble au large diamètre. Sur l'autre moitié, les câbles se déroulent au sol en larges courbes qui s'enchevêtrent. Le câble est matériau récurrent des œuvres de mounir fatmi. Il permet d'évoquer, de modéliser la circulation des informations, les rapports et relations, les connexions établies entre différents domaines.

L'œuvre explore la réalité composée par les technologies de l'information et de la communication en s'inspirant de la célèbre théorie des mondes parallèles (ou théorie des mondes multiples) émise par Hugh Everett, en 1957. Le physicien et mathématicien explique que l'univers à un instant et à un endroit donné existe dans tous les états définis par la mécanique quantique et que l'observateur n'en perçoit qu'un état parmi une infinité d'autres possibilités. Tout ce qui aurait pu avoir lieu dans le passé et tout ce qui pourrait avoir lieu dans le futur s'est produit ou se produira dans d'autres univers. Pour simplifier, le fait que l'observateur interagisse avec la réalité conduit ce dernier à "choisir" un univers, sans pour autant que les autres cessent d'exister, et ce de manière simultanée. Notre univers se présente comme une des possibilités parmi un nombre infini de mondes possibles.

La sculpture offre à voir une modélisation de la diversité et de la complexité du réel par la multiplication des câbles et des couleurs. Elle développe une esthétique de la profusion, voire du désordre qui renvoie à la prolifération des signes, des formes et des informations au sein de la société de l'information. mounir fatmi réalise l'application d'un traitement esthétique au réel protéiforme où les influences artistiques se croisent. L'esthétique de « Mondes parallèles » s'inspire des techniques de dripping de Jackson Pollock et des jeux de couleurs pures associées au noir et blanc et des lignes droites de Piet Mondrian. Elle tient également à la fois du matiérisme et de l'abstraction, du désordre et de la composition. Le regard du spectateur balance entre une forme désorganisée où les câbles s'enchevêtrent et une structure linéaire où des liens se créent, se révèlent, où des structures émergent au sein du désordre apparent. Posée à même le sol, l'œuvre divise en deux parties l’espace où évolue le spectateur. Ce dernier ne peut jamais avoir une perception simultanée des différentes perspectives offertes par l'œuvre et se voit contrait de modifier ses points de vue ainsi que sa position par rapport à la structure. Cette simple petite expérience montre à quel point nous sommes limités dans l'espace et illustre la nécessité de recourir à l'imagination afin de pallier nos défauts de perception, dans la tentative d'une expérience complète du monde.

La sculpture « Mondes parallèles » s'impose comme un obstacle et conditionne les déplacements du spectateur. Elle le fait voyager et l'invite à une traversée de l'espace d'exposition, à la découverte du spectacle d'un jaillissement de formes et de boucles coaxiales. Elle l'introduit à la révélation de ce qui fait unité au sein de la diversité, à savoir le rôle organisateur et architecturant des NTIC, qui « informent » notre réalité, au sens où elles lui donnent forme et où elles donnent naissance à de nombreux mondes, évoluant chacun de leur côté et créant parfois des connexions entre eux. L'œuvre recourt à un langage à la fois abstrait et matériel afin d'évoquer la nature et le caractère universel des éléments structurants de nos sociétés contemporaines. Son esthétique n'évacue pas le réel, mais au contraire tente de le présenter tel qu'il est, à côté, en parallèle de sa modélisation esthétique, dans le but d'en percevoir les rapprochements et les écarts éventuels.


Studio Fatmi, Décembre 2017.



 

  « Parallel Worlds » is a monumental sculpture created with several dozen 12-meter long sections of coaxial cable rolled out onto the ground and spanning the entire exhibition space. Over one half of the sculpture’s length, the cables are tightly bunched together, wrapped in adhesive tape of several colors, so that they form one single thick cable. On the other half, the cables roll out on the ground in large intertwined curves. Coaxial cable is a recurrent material in mounir fatmi’s work: it evokes and models the circulation of information, relations and connections created in various domains.

The work explores the reality constructed by information and communication technologies, inspired by the famous theory of parallel worlds (or multiverse) formulated by Hugh Everett in 1957. The physicist and mathematician explains that the universe at one given moment and one given place exists in all states defined by quantum mechanics and that the observer only sees one state among an infinity of other possibilities. Everything that could have happened in the past and everything that could happen in the future has happened or will happen in other universes. Simply put, the fact that the observer interacts with reality leads him or her to « choose » a universe, but meanwhile the others don’t cease to exist. Our universe is one among an infinite number of possible worlds.

The sculpture shows a model of the diversity and complexity of reality through the numerous cables and colors. It develops an esthetic of profusion, perhaps even chaos, that evokes the proliferation of signs, shapes and information in our information society. mounir fatmi applies an esthetic treatment to a constantly changing reality with a combination of artistic influences. The esthetic of « Parallel Worlds » is inspired by Jackson Pollock’s dripping techniques and by Piet Mondrian’s association of primary colors with white and black straight lines. It is also evocative of matterism and abstraction, chaos and composition. The viewer’s gaze shifts from a disorganized shape where the cables are intertwined, and a linear structure where connections are created and revealed, where structures emerge from apparent chaos. Resting directly on the ground, the piece cuts in half the space in which visitors walk about. They can never simultaneously perceive the different perspectives the work offers and are forced to change their point of view and their position with regards to the structure. This simple experience shows how much we are limited in space and highlights the necessity to use our imagination in order to make up for the imperfection of our perception if we are to try and have a full experience of the world.


The sculpture « Parallel Worlds » imposes itself as an obstacle and conditions the viewers’ movements. It makes them travel and invites them to walk across the exhibition space in order to discover a gush of shapes and coaxial loops. It introduces them to the revelation of what creates unity within diversity, in other words, the organizational and architectural role of digital technologies that « inform » our reality, in the sense that they shape it, giving birth to many worlds that evolve independently, and sometimes creating connections between them. The work uses a both abstract and material language to evoke the nature and the universal character of the elements that structure our contemporary societies. Its esthetic doesn’t do away with reality; on the contrary, it tries to present it as it is, next to and parallel to its esthetic model, in order to perceive potential similarities and disparities. 












Studio Fatmi, December 2017.