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53. | Wireless Archives 01
 
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  • 2019, metal structure,1500 m of white antenna cable, 160 x 225 x 46 cm.
    Exhibition view from The White Matter, Ceysson & Bénétière, 2019, Paris.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
    Ed. of 5 + 1 A.P.

'' Wireless Archive 01 highlights a fundamental paradox in societies relying heavily on digital technologies, with an ironic tone that is perceptible from its very title. ''


Studio Fatmi, July 2019
 




La sculpture « Wireless Archive 01 » se présente sous la forme d'une structure ouverte constituée de barres métalliques soudées à angles droits, autour de laquelle s'enroulent plus de 1500 mètres de câble d'antenne blanc, rassemblés en une section de large diamètre à l'aide de ruban autoagrippant noir.

Le câble d'antenne, comme les cassettes VHS ou les photocopieurs xérographiques, compte parmi les « médias-morts » régulièrement employés par mounir fatmi dans ses œuvres afin de mener à bien une « archéologie expérimentale des médias », réflexion sur les origines et le devenir des sociétés organisées autour des technologies de l'information et de la communication. Ainsi que l'annonce son titre, l'œuvre questionne les supports de mémoire des sociétés contemporaines et leur capacité à transmettre les informations essentielles aux générations suivantes.

Face à « Wireless Archive 01 », le spectateur a littéralement du mal à « suivre le fil » et à appréhender l'œuvre dans sa totalité. Son dispositif relève du piège visuel. La complexité formelle dont la sculpture fait preuve séduit autant qu'elle égare et traduit les difficultés auxquelles les individus, mais également les organisations sociales doivent se confronter. Difficulté d'ordre technique tout d'abord : la sophistication des procédés de communication est telle que les connaissances techniques font défaut aux usagers, et parfois même à leurs concepteurs multiples. Difficulté intellectuelle ensuite : la multiplication des informations touche aux limites des possibilités de traitement de l'information par le cerveau humain. Difficulté sociologique et politique enfin : le devenir des sociétés, conditionnées par les NTIC, autrement dit par « la machine », tend à nous échapper. Les archives constituent un ensemble de documents censés rendre compte du passé d'une société. Le système doit garantir l'accessibilité et la lisibilité des données historiques, juridiques et culturelles. Or ici, ce n'est pas vraiment l'impression d'accessibilité qui domine, mais plutôt le sentiment de confusion… Confusion à laquelle s'ajoute la crainte liée à l'obsolescence prématurée des matériaux employés qui fait naître de sérieux doutes quant à la préservation de la mémoire de l'humanité dans l’avenir.

« Wireless Archive 01 » relève un paradoxe fondamental des sociétés reposant sur les NTIC, sur un ton ironique perceptible dès le titre. « Sans fil » : l'expression renvoie au fantasme moderne d'échanges dématérialisés, désincarnés, enfin débarrassés de la pesanteur d'un réel encombrant. Ne constituerait-il pas une preuve flagrante de notre déni de réalité ? Loin de faciliter les communications entre les hommes, les nouvelles technologies s'interposent parfois dans les échanges, brouillant, ou même rompant la communication. Le poids et l'espace occupés par les installations de stockage de l'information sont bien réels également : complexes de la taille de stade de foot, et dont la construction, l'alimentation en énergie ou encore le refroidissement se présentent comme de véritables défis techniques et écologiques. La dématérialisation et la déshumanisation des supports progressent et pourtant on assiste comme à un retour à une forme primitive et familière : celle de la bestiole à quatre pattes, espèce de vache laitière aux mamelles desquelles le spectateur se suspendrait désespérément dans l'espoir vain d'y trouver une subsistance, tant terrestre que spirituelle. À moins qu'il ne s'agisse d'un prédateur, superorganisme autonome dont l'information serait l’aliment.

La sculpture, « Wireless Archive 01 » multiplie les contrastes - souplesse et rigidité, simplicité et complexité, plein et vide, rigueur formelle et geste libre, minimalisme et profusion - et ce, dans une logique d'exploration des structures fondamentales et de mise en évidence de relations au sein d'un fonctionnement global. Associant les techniques de l'abstraction géométrique, de la calligraphie arabe au dripping inspiré de Jackson Pollock, son dispositif incite le spectateur à une stratégie du déplacement. Il l'invite à ne pas rester passif et soumis aux pouvoirs des NTIC, mais à multiplier les approches et à varier les points de vue afin mieux l’appréhender.


Studio Fatmi, Juillet 2019.

 

 

 

The sculpture Wireless Archive 01 presents itself as an open structure made of metal bars welded together at right angles, wrapped in over 1,500 meters of white antenna cable, which is gathered into a wide diameter section using self-adhesive black ribbon.

Antenna cable, like VHS tapes or photocopiers, are some of the “dead media” frequently used by Mounir Fatmi in his work in order to conduct an “experimental archeology of media”, a reflection upon the origins and the evolution of societies that revolve around information and communication technologies. As its title indicates, the work questions the media we use to store memory in our contemporary societies and their capacity to transmit essential information to future generations.

When looking at Wireless Archive 01, the viewer has a hard time “keeping track” and apprehending the piece in its entirety. Its conception is akin to a visual trap. The sculpture’s visual complexity is seductive as much as it’s confusing, and translates the difficulties which individuals, but also social organizations, are confronted with. The first type of difficulty is technical: the sophistication of our means of communication is such that users lack technical know-how, sometimes even their multiple creators. The second difficulty is intellectual: the constantly increasing quantity of information has reached the limits of the human brain’s capacity to treat it. Finally, there are sociological and political difficulties: the evolution of societies conditioned by digital technologies, in other words by “the machine”, tends to elude us. Archives comprise a sum of documents supposed to relate the past of a society. The system must guarantee the accessibility and readability of historical, legal and cultural data. But a feeling of accessibility isn’t what transpires here, rather a feeling of confusion… Confusion to which is added the fear of the premature obsolescence of the materials employed, which casts serious doubt upon the preservation of the memory of humanity in the future.

Wireless Archive 01 highlights a fundamental paradox in societies relying heavily on digital technologies, with an ironic tone that is perceptible from its very title. “Wireless”: the expression is related to the modern fantasy of dematerialized exchanges, disincarnated and free at last from the ponderousness of physical reality. But isn’t that idea flagrant proof of our denial of reality? Rather that facilitating communications between people, digital technologies sometimes get in the way of exchanges, blurring and sometimes even interrupting communications. The weight and space occupied by information stocking facilities are very real as well: complexes as large as a football stadium whose construction, power consumption and cooling have become veritable technical and environmental challenges. While the dematerialization and dehumanization of media plough ahead, there is a sort of return to a primitive and familiar form going on: that of the four-legged creature, like a dairy cow whose udders the viewer hangs from desperately, hoping to find some form of subsistence, both terrestrial and spiritual. Unless it’s a predator, an autonomous super-organism that feeds on information.

The sculpture Wireless Archive 01 multiplies contrasts: suppleness and rigidity, simplicity and complexity, fullness and void, formality and free gesture, minimalism and profusion – all within a logical exploration of the fundamental structures and a highlighting of relations within an overall functioning. Combining the techniques of geometrical abstraction, Arab calligraphy and dripping inspired by Jackson Pollock, its conception invites the viewer to adopt a strategy of displacement. It invites them to not remain passive and submitted to the powers of digital technologies, but instead to multiply approaches and vary points of view in order to better apprehend them.  

 

 

 

Studio Fatmi, July 2019.