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03. | Sonia Sonia Sonia 01
 
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  • 2011, triptych, collage with prayer rugs, 189 x 124 cm each
    Exhibition view from The Armory Show, Galerie Hussenot, 2011, New York.
    Courtesy of the artist.

'' Fatmi has never shied from pushing his own boundaries, transforming possibilities of materials including the use of religious objects and iconography.

Prayer rugs become collage, the Koran forms part of a sculptural installation, the Ka'aba of Mecca, a black abstraction that calls to mind Malevich's painting Black Square.

In doing so,he risks censure, threats and perhaps worse. ''


Blaire Dessent, September 2012
 




Il aura fallu plus de 100 tapis de cent de couleurs et motifs différents pour créer Sonia, Sonia, Sonia, un triptyque en grand format réalisé par mounir fatmi. Chaque panneau mesure 189 x 124cm et est entièrement recouvert d'un assemblage de tapis découpés.
Le titre du collage apparaît comme un hommage à Sonia Delaunay, artiste visionnaire et avant-gardiste du début du XXe siècle qui repoussa les limites de l'abstraction en intégrant son travail de plasticienne à la mode, le textile et les livres. Sa pratique a permis de faire accéder un medium comme le textile, typiquement féminin, au rang d’art à part entière et ce tout particulièrement à une époque encore très misogyne.

Comme les peintures de Sonia Delaunay des années 1910 à 1930, Sonia, Sonia, Sonia est une œuvre lyrique et rythmique. Elle joue avec la théorie des couleurs, les motifs et le mouvement. La pièce vous confronte immédiatement,vos yeux flottent au-dessus des arc et des diagonales qui la composent. De manière similaire au travail de Sonia Delaunay, il existe une autre dimension à l'œuvre qui, derrière son aspect purement visuel, questionne la modernisation et la politique contemporaine. Tandis que Sonia Delaunay évoquait les changements de l'entre-deux-guerres, fatmi interpelle l’évolution du monde arabe; la vitesse de son développement, le flou de la vie quotidienne rythmée par la guerre, l'urbanisation et les problèmes liés à la religion.

Dans Sonia, Sonia, Sonia, l'utilisation des tapis de prière est délibérée, et la technique utilisée à une telle échelle surprend. Plutôt que d’utiliser de quelconques tapis anciens, fatmi fait spécifiquement usage de tapis de prière, opérant de la sorte une désacralisation d’un objet dont la fonction typique est la communion avec Dieu. La valeur du tapis comme objet religieux a disparu, mais c'est sa valeur en tant qu’œuvre d'art qui surgit. Par cet acte, le collage confronte la conception même de ce que signifie le sacré et de l’étendue de son interprétation. Beaucoup considèrent l'art exposé dans de grands musées comme sacré. Bien que les tapis aient été désacralisés aux yeux de figures religieuses, l'œuvre d'art elle-même, présentée sur un mur de la galerie, se réapproprie ce qui pourrait être considéré comme son statut sacré. Elle fait maintenant partie d'un autre "establishment" qui présente le travail sous un nouveau jour.
Le collage est définitivement abstrait et consommé par la couleur. Il n’est ni politique ni référentiel, et l’on aperçoit son intention originale dans les détails : une image de la Ka'aba, des fragments d'architecture islamique, les extrémités d’une mosquée... Un autre aspect de cette pièce réside dans les coulisses de la fabrication des tapis de prière. Typiquement, cela a été et reste un travail ingrat effectué par des femmes, ceci étant réitéré durant la prière à la mosquée où ce sont les hommes qui s'agenouillent à l'avant de la salle de prière tandis que les femmes empruntent les côtés. En transformant les tapis en une belle œuvre d'art à grande échelle, Fatmi propulse subtilement ce rôle secondaire au premier plan.

Fatmi n'a jamais hésité à pousser ses propres limites, transformant les possibilités de matériaux, dont l'utilisation d'objets religieux et de l'iconographie. Le tapis de prière devient collage, les formes du Coran une installation sculpturale, la Ka’aba de La Mecque une abstraction noire rappellant le Carré noir de Malevitch. Ce faisant, il risque la censure, les menaces voire pire, mais ce ne sont pour l'artiste que de simples outils lui permettant de créer son œuvre.

Blaire Dessent, Septembre 2012.
Traduit de l'anglais par Martha Kirszenbaum

 

 

It took over 100 prayer rugs of varying colors and patterns to create Sonia, Sonia, Sonia, a large-scale triptych by Mounir Fatmi from 2012. Each of the three panels measures 189 x 124 cm (roughly 6' 2" x 4' 5"), and is covered entirely with pieces of cut-up carpets.
The title of the collage, Sonia, Sonia, Sonia, is an homage to Sonia Delaunay, the forward thinking artist from the early 20th century who pushed the boundaries of abstraction and seamlessly integrated her work as a visual artist into fashion, textiles and books. She helped open up the possibilities of certain mediums like textiles, a typically feminine medium, to be acceptable as art in era that was still quite macho.

Like Delaunay's paintings from the 1910s-30s, Sonia, Sonia, Sonia is a very lyrical and rhythmic piece. It plays with color theory, pattern and movement. The work instantly engages you and your eye flows across all of the arcs and diagonals from one side to another. And like Delaunay's work, there is another dimension to this piece, beyond the visual appeal, that engages contemporary politics and modernization. Whereas she spoke to the change in Europe before and between the two world wars, Fatmi engages the contemporization of the Arab world; the speed of development, the blur of daily life surrounded by warfare and urbanization, and issues surrounding religion.

In Sonia, Sonia, Sonia, the use of prayer rugs is deliberate. First of all it's an unusual material from which to create such a large collage, but rather than use any old carpets, these are specifically prayer rugs, therefore a desacralization of an object typically used in communion with god. The value of the rug as a religious object is gone, but its value as a work of art has emerged. By this very act, the collage confronts conceptions of what the sacred means and how it can be interpreted. Many consider art that hangs on the walls of great museums to be sacred. Though the rugs have been desacralized in the eyes of religious figures, the artwork itself, presented on a gallery wall, reclaims what could be considered its sacred status-it's now part of another establishment that holds the work in a new light.
From afar the collage is abstract and consumed with color. It's non political, non-referential. In the details however, you see snippets of the carpet's original intent: an image of the Ka'aba, fragments of Islamic architecture, tips of a mosque. Another layer to this piece lies behind the scenes in the fabrication of prayer rugs. Typically this was and remains a thankless job done by women, and that is reiterated during prayer in the mosque, where men kneel up front, while the women take back stage. By transforming the carpets into a large-scale, beautiful artwork, Fatmi has subtly brought this secondary role into the fore.

Fatmi has never shied from pushing his own boundaries, transforming possibilities of materials including the use of religious objects and iconography. Prayer rugs become collage, the Koran forms part of a sculptural installation, the Ka'aba of Mecca, a black abstraction that calls to mind Malevich's painting Black Square. In doing so,he risks censure, threats and perhaps worse, but for the artist, these are simply tools in the studio to create his body of work.

 

 

 

Blaire Dessent, September 2012.