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Le jeu « Oriental Accident » se présente comme un labyrinthe à résoudre, où le joueur qui doit s'en extraire est symbolisé par la silhouette d'une souris. Le labyrinthe graphique conçu par mounir fatmi se compose de l'association des noms des vingt deux pays arabes en calligraphie coufiques géométriques. Le jeu est associé à la sculpture intitulée « Les Printemps perdus » ainsi qu'à l'installation « Oriental Accident » réalisée en 2011, dispositif d'évocation et d'étude des mouvements révolutionnaires des Printemps arabes commencés en 2010. L'installation alliant complexité et multiplicité fait appel aux capacités tant sensorielles qu'intellectuelles du spectateur dans le but de l'inciter à une réflexion sur l'origine et le devenir des bouleversements sociaux ainsi qu'à une remise en question de son propre engagement politique en tant que citoyen.
Le jeu tiré de l'installation aborde de manière plus critique la question de la conduite à tenir pour les citoyens des pays arabes. Par un glissement de sens inattendu qu'autorisent les jeux de mots autour de l'expression retenue comme titre, le propos passe d'un accident qui se serait produit en Orient… à un accident d'orientation en quelque sorte, autrement dit à un égarement ou à l'aboutissement à une impasse. Se perçoit à travers cette proposition ludique comme la dénonciation d'une situation politique impossible à vivre en tant que citoyen. La société arabe apparaît comme ce casse-tête complexe et contradictoire, dont les structures, qui empruntent autant à la tradition qu'au modernisme le plus poussé, rendent les parcours existentiels tortueux et extrêmement difficiles. L'individu se retrouve pris au piège entre tradition et modernité, entre des injonctions sociales issues des états qui forment leurs cadres de vie et les impératifs biologiques de survie.
Le jeu évoque un danger : le citoyen des pays arabes risque parfois de se voir métamorphosé en souris dans un laboratoire expérimental soumis à des tests, dont le déroulement, réservé au secret de ses concepteurs, aboutit irrémédiablement à l'échec. Il participe à l'élaboration d'une stratégie esthétique de l'obstacle, selon l'expression adoptée par son concepteur. Mise au point à travers différentes œuvres, en particulier les monumentales installations employant les barres de saut hippiques comme « Pieges » montrée en 2004 au centre Pompidou, elle permet d'expérimenter et d'interroger les rapports de l'individu à l'histoire et à la société en faisant passer ce dernier d'un statut de spectateur à un statut d'acteur à part entière. Si le jeu proposé avec « Oriental Accident » exprime, par son ton mordant et désillusionné, le manque d'issue politique et citoyenne aux mouvements révolutionnaires qui avaient suscité beaucoup d'espoir, il n'entend cependant pas que son spectateur cède à la passivité ou au désespoir. Face à l'obstacle, il l'invite à élaborer à son tour une stratégie du déplacement et du contournement.
Studio Fatmi, Juin 2019.
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The game “Oriental Accident” presents itself as a labyrinth that needs to be solved, in which the player who must get out is represented by the silhouette of a mouse. The graphic labyrinth conceived by mounir fatmi is made up of the combination of the names of the twenty-two Arab countries in geometric Kufic calligraphy. The game is related to the sculpture entitled “The Lost Springs” and to the installation “Oriental Accident” created in 2011, a composition evoking and studying the revolutionary movements of the Arab Spring that began in 2010. The installation combines complexity and multiplicity and calls upon the viewers’ sensory and intellectual capacities in order to spark a reflection on the origin and the development of social changes, and to question their own political commitment as citizens.
The game based on the installation addresses in a more critical way the question of the behavior to adopt for citizens of Arab countries. Through a shift in meaning enabled by the play on words with the expression used as the work’s title, the subject shifts from an accident that happened in the Orient to an accident in orientation of sorts, in other words a state of confusion or the reaching of a dead end. Despite this playful proposition, one can perceive the denouncing of an impossible political situation for citizens. The Arab society is shown as a complex and contradictory puzzle, whose structures, that borrow as much from tradition as from the most advanced modernity, make people’s existential journeys twisting and extremely difficult. Individual are trapped between tradition and modernity, between social injunctions from the governments that rule their lives and the biological imperatives of survival.
The game evokes a danger: the citizen of Arab countries is sometimes at risk of turning into a mouse in a research laboratory, submitted to tests whose sequence, known only to their conceivers, inevitably leads to failure. It is part of the elaboration of an esthetic of obstacles, according to the expression adopted by its creator. Elaborated through various works, in particular the monumental installations using horse jumping bars such as “Traps” exhibited in 2004 at the Centre Pompidou in Paris, this esthetic enables the experimentation and interrogation of the relation of the individual to history and society by shifting that individual from the status of viewer to that of player in his own right. The game proposed with “Oriental Accident” expresses, through its ironic and disillusioned tone, the lack of political and civic solution to revolutionary movements that created a lot of hope, yet is doesn’t want the viewer to give in to passivity or despair. When faced with an obstacle, it invites viewers to elaborate their own displacement and circumvention strategies.
Studio Fatmi, June 2019.
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