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58. | The Exile Pavilion
 
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  • Series des photos commencée en 2013, rubans de transport orange.
    Exhibition view from Le Pavillon de l'Exile, Galerie Delacroix, 2017, Tanger.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

'' Fatmi aims to stimulate a reflection on the massive displacement of people, which in the majority of cases happens because of conditions that put their life at risk.

He questions the notions of nationality, exile, and displacement. ''


lar-magazine, May 2017
 




« Le Pavillon de l’Exil »  est une série de photographies en couleurs et en noir et blanc initiée en 2013, dont les cadres sont entourés de sangles d’arrimage de couleurs différentes. L'ensemble des photographies couleurs se constitue de compositions géométriques et multicolores obtenues à partir de conteneurs empilés les uns au-dessus des autres, et d'images d'immeubles d'habitation à l'abandon, désertés de leurs occupants et partiellement détruits. 


Au Moyen Age, le pavillon désigne la tente somptueuse du seigneur en campagne. De nos jours, l'expression renvoie à la fois à une architecture raffinée et une forme d'urbanisme de masse - à la fois à une vaste construction légère, ouverte et transparente, agréable à occuper, et un type de logement individuel apparu dans les années 70, aux côtés des projets de construction des "grands ensembles horizontaux ». Ces dernières sont tels que les "cités radieuses" à destination des travailleurs immigrés, que mounir fatmi a également eu l'occasion d'étudier dans son travail autour de l’architecture. Ce type de pavillon représente un idéal de logement individuel des classes moyennes et ouvrières qui aspirent à s'éloigner des grands centres urbains, en quête d'une vie meilleure.

La série des photographies « Le Pavillon de l’Exil », aborde la question des déplacements et des migrations humaines, phénomène qui remonte aux origines de l'humanité et qui connaît une forte hausse au début des années 2000 et une tournure dramatique pour des raisons économiques, politiques et climatiques. Ces thèmes, avec ceux de la séparation, du voyage et de la rencontre, sont souvent abordés par mounir fatmi qui s'est toujours qualifié de « travailleur immigré » en exil permanent. Ces premiers constituent également une préoccupation pour de nombreux artistes qui choisissent d'aborder le thème des déplacements non pas sous l'angle migratoire et statistique, mais humain.

L'œuvre met en regard la mondialisation économique et migratoire. Elle relève un écart frappant : entre la libre circulation des marchandises et le contrôle strict des flux de populations aux frontières. Au sein de ce drame globalisé, nul être humain n'est visible, la mondialisation a chassé les populations de leurs logis. Elle a évacué la question humaine en faisant de toute vie une forme de marchandise. Le conteneur est d'ailleurs également tristement connu pour transporter des migrants clandestins dans des conditions qui entraînent souvent leurs morts.

L'œuvre révèle des contradictions : la mer, espace de liberté, de voyage sans limite, s'oppose au container, espacement strictement limité et claustrophobique. Le thème de l'exil, au fondement de notre humanité, évoqué dès les origines dans des récits épiques dont le sujet central est l’humain, est remplacé par celui du transport des marchandises et des migrations clandestines déshumanisés. Sur ces caissons métalliques conçus pour le transport des marchandises peuvent se lire les noms d'entreprises, inscrits dans des langues diverses. Objets détournés de leur fonction initiale par des artistes dès les années 2000, légers et empilables, les containers permettent d'édifier rapidement des constructions à plusieurs étages et à faible coût. Ils ont été employés plus récemment encore dans des projets architecturaux d'habitation ou des complexes commerciaux en périphérie des centres urbains.

Le projet de la série photographique « Le Pavillon de l’Exil » prend en compte la précarité des conditions d'existence et de déplacement et le mouvement permanent auxquels sont soumis les individus. Il invite à s'approprier un espace, aussi éphémère soit-il : une structure pavillonnaire et légère, en perpétuelle mutation. En son sein, les œuvres elles-mêmes sont soumises à ce mouvement permanent comme le suggèrent les sangles d’arrimage qui les entourent. 


Studio Fatmi, Février 2018.

 

 

 

« The Exile Pavilion » is a series of color and black & white photographs initiated in 2013, with colored docking straps around their frames. The color photographs feature geometric and multicolored compositions made from piled-up containers and images of abandoned apartment buildings, deserted by their inhabitants and partially destroyed. 


In the Middle Ages, the pavilion designated the luxurious tent of a lord during his travels. Today, the expression evokes both a refined type of architecture and a form of urbanism for the masses – both a vast and light construction, open, transparent and pleasant to be in, and a type of individual house that appeared in the 1970s, simultaneously with the construction of large-scale housing projects. Some of these were the « radiant cities » for immigrant workers that mounir fatmi also studied in his work on architecture. This type of pavilion represents an ideal individual type of housing for middle and working classes aspiring to move away from city centers, in search of a better life.

The photographic series « The Exile Pavilion » addresses the question of human displacement and migrations, a phenomenon that dates back to the origins of humanity but sharply increased in the early 2000s, with a dramatic turn, for economic, political and climatic reasons. These themes, along with those of separation, travel and encounters, are often addressed by mounir fatmi, who has always considered himself an « immigrant worker » in permanent exile. They are also a preoccupation for many other artists who choose to address the issue of displacement not from a migratory and statistical point of view, but form a human one. 


The work compares economic and migratory globalization. It reveals a striking disparity: between the free circulation of merchandise and the strict control of population movements at borders. Amid this global tragedy, no human being is visible, globalization has driven populations from their homes. It eludes the human element by transforming lives into another merchandise. As an object, the container is also infamous for transporting illegal immigrants in terrible conditions that often lead to their death.

The work reveals contradictions: the sea, a space of freedom, of limitless travels, is opposed to the container, a strictly limited and claustrophobic space. The theme of exile, which is at the foundation of our humanity, evoked from its origins in epic tales whose central subject is the human being, is replaced by that of the transportation of merchandise and dehumanized illegal migrations. On these metal boxes conceived for transporting merchandise, one can read the names of companies in various languages. Containers have been diverted from their original use by artists since the early 2000s; light and stackable, they allow for the rapid construction of structures with several stories at minimal cost. More recently still, they have been used for architectural projects for housing or commercial complexes on the outskirts of cities.

The project of the photographic series « The Exile Pavilion » takes into account the precariousness of conditions of living and traveling and the permanent movement to which individuals are submitted. It invites visitors to claim a space, however briefly: a light pavilion’s structure, in perpetual mutation. Inside, the works themselves are submitted to this permanent movement, as suggested by the docking straps around them. 










Studio Fatmi, February 2018.