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37. | Colors of Deportation
 
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  • 2013, 50 x 60 cm.
    Exhibition view from Views from inside, Fotofest Biennial, 2014, Houston.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • 2013, 50 x 60 cm.
    Exhibition view from Views from inside, Fotofest Biennial, 2014, Houston.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

  • 2013, 50 x 60 cm.
    Exhibition view from Views from inside, Fotofest Biennial, 2014, Houston.
    Courtesy of the artist and Ceysson & Bénétière, Paris.
    Ed. of 5 + 2 A.P.

'' The work clearly demonstrates that the impulse to categorize people invariably reveals a political strategy to ostracize, exclude,

even exterminate, populations considered non-conformist. Colors of Deportation proposes a powerful system to memorialize

forgotten victims while simultaneously denouncing the violence of state or government ordained categorization. ''


Studio Fatmi, April 2017
 




Couleurs de déportation égrène une série de photographies aux formats rectangulaires, mettant en scène des prisonniers des camps de concentration nazis de la seconde guerre mondiale. Le centre des compositions est occupé par de grands triangles colorés à pointes inversées, occultant partiellement les personnages situés à l'arrière-plan, tandis que le coin inférieur gauche de l'image laisse voir un personnage au premier plan, au crâne rasé et portant une tenue de prisonnier.

L'œuvre traite du déplacement forcé de populations au cours de la seconde guerre mondiale et de leur internement dans les camps de concentration, désigné par le terme "déportation". Elle explore en particulier les rapports entre la désignation d'un groupe social par un état ou un gouvernement et son exclusion de la société, voire son extermination. Les triangles de différentes couleurs renvoient ainsi au système de marquage des détenus établi par le régime nazi, qui distinguait différentes catégories parmi ceux-ci : prisonniers politiques, inadaptés, homosexuels, juifs, repris de justice etc…, leur associant des traitements et des conditions de détention plus ou moins sévères.

Couleurs de déportation se livre à une énumération rigoureuse des catégories sociales établies par la doctrine national-socialiste, et dont la liste, non exhaustive, semble se compléter en fonction des besoins de discrimination et d'exclusion des groupes et individus soupçonnés d’être opposés au régime politique en place, ou simplement considérés comme déviants ou inadaptés. Les photographies exhumées additionnent progressivement les personnages représentés, de plus en plus nombreux sur l'image, et suggèrent l'accumulation à peine imaginable des victimes assassinées par millions - les plus touchées appartenant aux catégories des homosexuels, des tziganes et enfin des juifs.

L’œuvre interrompt momentanément le cours de l’histoire en réalisant un arrêt sur image et oblige ainsi à voir l’insoutenable. L’occultation des personnages renforce l’effet de dramatisation et vient également exprimer la violence et l’horreur des camps. Enfin le contraste entre l’abstrait et le figuratif - le décalage entre la représentation des triangles et celle des images d’archive brutes, rend la question de l’esthétique problématique pour le spectateur, dont le regard ne cesse de passer du premier plan au second plan de l’image, des couleurs vives au noir et blanc.

Le montage en parallèle alerte le spectateur contre l'établissement de catégories sociales quelles que soient leur nature ou leur origine. L'œuvre met en évidence que celles-ci recouvrent toujours des enjeux de domination politique dont le but est la mise à l'écart, l'exclusion, et parfois l'extermination des populations considérées comme non conformes. Couleurs de déportation réalise finalement un système d'ancrage mémoriel puissant contre l'oubli des victimes et dénonce dans le même temps avec force la violence des catégorisations sociales effectuées par les états ou les gouvernements.


Studio Fatmi, avril 2017.

 

 

  Colors of Deportation strings together a series of photographs of prisoners from the Nazi concentration camps of World War II. At the center of each composition, a large colored inverted triangle partially covers the faces of the prisoners in the background. In the bottom left, a prisoner is pictured with a shaved head and in prison uniform.

The work examines what is commonly referred to as “deportation” — the forced displacement during the Second World War of various populations, and their subsequent internment in concentration camps. Specifically, it explores the relationship between the designation of a social group by a state or government, and that group’s ensuing exclusion from society, even its extermination. The colored triangles recall the Nazi system for marking prisoners, relegating them to different categories: political prisoners, the handicapped, homosexuals, Jews, delinquents… the treatment and conditions of imprisonment varying greatly from category to category.

Colors of Deportation attempts to rigorously catalogue the social categories established under National Socialism, categories that primarily designated groups and individuals opposed to the political regime in place, as well as those considered deviant or simply weak. The archival photographs that have been unearthed depict a progressively rising toll of victims assassinated by the millions – victims that belong primarily to the categories of homosexuals, gypsies, and, of course, Jews.

As if pressing a pause button, the photographs momentarily interrupt the course of History, and bring the spectator face to face with the unbearable. This dramatization of History is reinforced by the central presence of the colored triangles that blot out the prisoners’ faces, underscoring the brutality and nameless horror of the camps. Finally, the confrontation between an abstract and figurative representation of the events – between the graphically rendered colored triangles and the raw archival photographs – raises an esthetic question for the spectator whose eye moves relentlessly from foreground to background, from brightly colored form to black and white portrait.

Mounting the images side by side calls the spectator’s attention to the risks of establishing social categories, whatever their purported nature or origin. The work clearly demonstrates that the impulse to categorize people invariably reveals a political strategy to ostracize, exclude, even exterminate, populations considered non-conformist. Colors of Deportation proposes a powerful system to memorialize forgotten victims while simultaneously denouncing the violence of state or government ordained categorization.











Studio Fatmi, April 2017.